EL TOPO
13 octobre 2005 - par Lewis
El Topo,
le nom est mythique parmi les amateurs de freak-cinema... Étrange
croisement entre un western spaghetti et un film d'exploitation,
ce film de Alejandro Jodorowsky [Santa
Sangre] m'a complètement hypnotisé par son
surréalisme trempé d'acide et ses nombreux tableaux
empreints de symbolisme religieux. Comme si tout ceci n'était
pas assez, on a en plus droit à un étalement de freaks,
weirdos et oddballs de tous acabits tout au long de
ce film constitué de scènes toutes plus bizarres les
unes que les autres... Sacrilèges religieux, meutres, tortures,
humiliations, tout y passe... L'ensemble sent distinctement Italien
malgré que ce film provienne du Mexique...
Je ne devrais
pas, mais voici en pas pire détail un résumé
de l'histoire débridée de ce film... Habituellement
je ne raconte pas l'histoire des films qui valent la peine d'être
vus, mais pour une fois je vais faire une exception... Si
ce film vous intéresse vraiment, arrêtez de lire ici!
Vous pouvez continuer à lire après la série
d'images...
Le
film nous raconte donc le cheminement de El Topo - La Taupe
- un genre de cowboy tout-de-noir-vétu parcourant
le désert avec son fils de 7 ans complètement nu.
[!] Le duo père/fils tombe sur les ruines dévastées
d'un village où toute la population a été tuée
par une bande de bandidos menés par un "Colonel"
ressemblant à Napoléon... El Topo s'auto-déclare
Dieu et retrouve la trace du méchant despote dans
une mission de moines, non sans avoir laissé une belle trace
de sang sur son passage et initié son fils [toujours aussi
nu] à l'art du six-coups. Les moines se font faire la vie
dure par les bandidos [les fouets sont à l'honneur] mais
notre héros remet les pendules à l'heure en faisant
la passe-du-rat-qui-tousse au "Colonel"... El Topo abandonne
alors son fils aux moines [?] et part dans le désert avec
une pitoune nommée Mara. On se sait pas trop pourquoi,
mais ils mènent une genre de quête initiatique dont
le but consiste à tuer les quatres "maîtres du
pistolet" du désert... [Je vous épargne les détails
mais tout ceci est freak à l'os avec des personnages fuckés
ben raide!] À la 46e minute du film on a finalement droit
à nos premiers seins, et il était grand temps! Non
longtemps après, une mystérieuse cowgirl elle
aussi tout-de-noir-vétue apparait et accompagne notre sympatique
couple dans leur promenades désertiques. [Je sais que la
question vous brûle les lèvres, et oui on aura droit
à quelques scènes de pseudo-lesbianisme!] Bon, finalement
El Topo réussit son défi de tuer les quatres dieux
du revolver mais les deux pitounes décident que l'amour lesbien
est plus attrayant que de baiser avec un barbu-poilu et criblent
de balles notre héros, l'abandonnant aux vautours du désert....
Prenons ici
un petit break, parce que croyez-le ou non, c'est ici que les choses
commencent vraiment à se corser...
Au moins 15
années ont passé, et l'on retrouve notre hirsute
ami dans une caverne, adoré comme un dieu par une bande
de freaks infirmes consanguins...[Oh Yeah!] El Topo
se réveille alors qu'une naine lui fait des petits bisous
coquins, et on lui explique qu'ils sont pris dans cette caverne
depuis des années et qu'ils ne peuvent sortir pour aller
au village voisin... Notre grand-chef déclare alors qu'il
sortira de la caverne et qu'il creusera un tunnel pour libérer
les freaks de leur malheur... Il part avec sa pitoune naine et va
au village jouer à l'amuseur public pour ramasser de l'argent
afin d'acheter de la dynamite pour creuser son tunnel... Mais le
village n'est pas un endroit très accueillant pour des freaks
de leur espèce... Une genre de secte religieuse a
l'emprise sur la populace, et les distractions dominicales semblent
se résumer à marquer au fer rouge les esclaves noirs
et à faire des exécutions publiques... En plus du
prêtre/gourou, la ville est menée de main de maître
par le club des matrones de bonne famille ainsi que par le
couple de shérifs gais. Entoucas... Plein de péripéties
s'ensuivent dans le village, et El Topo finit par engrosser sa naine
alors qu'ils ont presque terminé leur tunnel... Arrive-tu
pas en ville un nouveau prêtre-à-pistolet sombre
et ténébreux qui s'avère à être,
vous ne l'auriez jamais deviné, le petit gars toujours tout
nu du début du film... Le fils à papa en a gros sur
le coeur et il veut tuer son père [?]... Mais quand la naine
lui explique qu'ils travaillent à libérer les freaks
de la caverne, il accorde un sursis à son paternel et le
laisse terminer son oeuvre... [Bon, on lâche pas, la
fin du film approche...] Donc le fils se met à aider
son père et la naine pour finir le tunnel et le grand jour
arrive où les troglos sont libérés...
Ceux-ci se pitchent au village, fous comme brac de leur liberté
nouvellement acquise... Les gens du village les attendent avec une
brique pis un fanal ainsi qu'un arsenal complet de Smith &
Wesson... Pif-paf-paclow les freaks passent au bat et
quand El Topo arrive pour les protéger il ne trouve qu'une
masse de cadavres difformes et sanglants... Notre héros est
encore une fois criblé de balles, et, miracle des miracles,
il survit encore une fois juste assez longtemps pour s'emparer d'un
fusil et faire un Rambo de lui-même sur les méchants
villageois qui ont tué tous les freaks de la caverne... Comme
tout homme religieux qui se respecte, El Topo se suicide en s'immolant
pendant que sa pitoune accouche d'un autre batard freak...
La dernière scène du film nous ramène à
son commencement, alors que le fils du héros repart à
cheval dans le désert avec la naine et son bébé.
The End.
Jugé
à l'époque comme le film le plus violent de l'histoire
[?!?!] El Topo mérite sans aucun doute sa place
dans le panthéon des films culte... Même sans tous
les éléments d'exploitation, seule la mise-en-scène
surréaliste et les personnages mystifiants de cette oeuvre
aurait suffi à faire de ce film un incontournable... Mais
non, Jodorowsky a mis dans son chaudron tous les ingrédients
possibles pour faire de ce film un freak-fest incroyable et désorientant...
Et c'est ce qui fait que ce film nous laisse avec un genre d'arrière-goût
bizarre... J'aurais personnellement préféré
que le film s'arrête après la quête dans le désert...
Le dernier 45 minutes du film qui se passe dans le village est comme
de trop et ne sert qu'à amener des scènes d'exploitation
qui viennent ruiner l'aspect mystique et symbolique qui rendaient
le début du film si envoutant... Du
côté technique, El Topo est visuellement très
attrayant, avec une cinématographie par moment très
innovatrice et des décors tout simplement majestueux, si
ce n'est que de par leur désolation. Le point faible du film
se situe au niveau du son, le film ayant été tourné
"silencieux" avec les dialogues et les effets sonores
refaits en studio...
Un incontournable pour les amateurs de cinéma-culte
et pour les admirateurs de mutants consanguins...
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