DELICATESSEN
15
janvier 2008
- par Lewis
Dans
une société post-apocalyptique où tout
le monde crève de faim, un boucher propriétaire
d'un immeuble isolé semble pour sa part s'en tirer
pas trop mal... C'est ce que découvre Louison, un
clown de cirque à la recherche d'une nouvelle vie suite au
décès de son partenaire Livingstone. Il prend
donc un petit boulot de concierge dans l'immeuble du boucher Clapet,
et c'est alors qu'il fait connaissance avec Julie, la fille
musicienne de ce dernier... Diverses circonstances et événements
causés par les divers locataires de l'immeuble viendront
troubler la relation naissante de nos deux artistes, relation ne
faisant évidemment pas l'affaire du boucher qui réserve
un autre sort à notre clown sympatique...
Superbe film
fantaisiste à l'ambiance lugubre et crasseuse, Delicatessen
est le premier long métrage de Jean-Pierre Jeunet
et Marc Caro, deux compères de longue date ayant précédemment
tourné l'impressionnant court-métrage Le
Bunker de la Dernière Rafale. Delicatessen s'appuie
en partie sur le sens esthétique élaboré dans
ce film, mais ramène les choses à un niveau plus terre-à-terre
en situant l'action dans un immeuble décrépit où
vivent les survivants d'un quelconque apocalypse. C'est la
richesse de ces personnages tous plus bizarroïdes les
uns que les autres qui amène une bonne partie de son cachet
à cette production, les tribulations des divers habitants
de l'immeuble formant une magnifique toile de fond pour l'histoire
concernant les personnages principaux. Plusieurs des scènes
les plus mémorables du film mettent en vedette des situations
loufoques où des réactions en chaîne quasi-impossibles
changent le cours de l'action qu'on croyait pourtant inévitable...
Les diverses tentatives de suicide ratées d'Aurore
figurent au panthéon des grands moments du cinéma
comique, de même que la scène où la baise du
boucher Clapet dicte le rythme de tout ce qui se passe dans la maisonnée...
Les mystérieux Troglodistes vivant sous terre amènent
eux aussi leur part de moments drôles, et les scènes
tournées dans les souterrains de Paris sont tout simplement
géniales.
Dominique
Pinon et sa bouille légendaire est la vedette
principale du film dans le rôle de Louison, et il est
savamment appuyé par le toujours mémorable Jean-Claude
Dreyfus [le boucher Clapet] ainsi que par la délicate
Marie-Laure Dougnac [Julie]. Mention honorable à
Karin Viard pour sa voluptueuse interprétation de
la maitresse du boucher, et un prix tout spécial à
Silvie Laguna qui joue avec intensité la pauvre Aurore
qui entend des voix... Les autres acteurs du film sont aussi tous
excellents, et même le chimpanzé Clara fait
du bon boulot avec ses grimaces inquiétantes.
Delicatessen démontre sans équivoque comment
on peut faire un grand film stylisé malgré
un petit budget: suffit d'avoir d'excellentes idées un un
sens esthétique hors-pair. Avec son histoire tragicomique
haute en couleur, sa mise-en-scène inspirée et d'époustouflantes
performances d'acteurs, ce film est depuis longtemps l'un de mes
films préférés.
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